Après un coup de téléphone, nos deux amis apprennent que quelques amis à eux se trouvent aussi dans le coin avec la même idée de balade en ce week-end commençant. Après s’être rejoints, ils décident de prendre une boisson chaude dans un bistrot ouvrant tout juste ses volets dans une commune pas très loin. Maintenant réchauffés, ils sont prêts à aller humer l’air forestier de la forêt de toutes les légendes, la balade s’annonce douce et réjouissante. Sans trop de difficulté à se mettre d’accord, ce sont les alentours du Pas du Houx qui sont choisis pour débuter la marche en forêt. Les lieux sont maintenant beaucoup moins calmes, de nombreux véhicules, un grand nombre de personnes, des chiens et même des chevaux ont pris possession des lieux. Quelque chose se prépare et cela ressemble beaucoup à une scène de chasse avec ces gens costumés au port hautain sur leurs chevaux. Il y a même quelques gilets jaunes mais sans doute pas pour les mêmes revendications que le mouvement social en cours dans tout le pays. Intrigués par toute cette animation, nous décidons malgré tout de nous enfoncer dans la forêt afin de profiter des lieux comme prévu. Après un moment à marcher et plongés dans nos conversations, le groupe s’est naturellement scindé et Jacky n’a plus qu’une accompagnatrice avec lui. Ils décident de poursuivre leur balade malgré le froid et la présence de plus en plus oppressante des hommes à cheval et de leurs accompagnateurs parfois à pied, parfois à vélo, parfois en voiture. Ils ne se sentent pas les bienvenus aux regards méprisants qu’ils reçoivent. Au loin, on discerne quelques sons de cornes et des aboiements de chiens, l’hypothèse d’une chasse se confirme et sans doute l’une des chasses les plus odieuse qui existe, la chasse à courre. Vous savez, cette chasse qui consiste à traquer un animal, un cerf ou un chevreuil par exemple, avec une meute agressive de chiens afin de le stresser intensément et de l’amener jusqu’à l’épuisement physique et psychologique pour qu’un humain ait le plaisir de l’achever à coup de dague ou en le noyant sans aucune empathie avant de le jeter aux chiens qui le déchiquètent en guise de complément de nourriture dont ils sont privés enfermés dans leur chenil toute la semaine. Eh oui car quand on veut rendre docile un animal ou lorsqu’on veut l’obliger à traquer sa nourriture, il faut bien l’affamer pour avoir un moyen de pression sur cet être vivant que l’on soumet totalement à nos ordres et nos envies. Bien souvent maltraités physiquement et psychiquement par leurs maîtres, ceux-ci prétendent avec aplomb aimer leurs chiens, simple outil de travail pour assouvir leur loisir qui consiste à donner la mort et de préférence dans les souffrances les plus atroces. Bref, pas la peine d’en ajouter pour décrire et faire savoir ce qu’est réellement la chasse à courre, ce loisir ignoble d’un autre temps et réservé à quelques nantis de ce monde. Corrida, chasse à courre, même torture ! Toujours perpétrée par la même espèce…

Malgré ce dérangement et le sentiment grandissant d’insécurité, nos amis décident de continuer la balade car ils refusent de se faire confisquer la forêt et ces moments de bonheur à la parcourir par quelques individus assoiffés de sang et totalement irrespectueux de toute forme de vie. Les cavaliers et leurs gueux semblent s’en donner à cœur joie car les bruits de la meute se font plus insistants et ils semblent même se rapprocher de nos deux promeneurs. Arrivant à proximité de la demeure bourgeoise aperçue plus tôt au bord de l’étang, Jacky aperçoit 3 biches totalement apeurées s’enfuyant à toutes jambes et décidant même de se jeter dans l’étang pour pouvoir ne pas stopper leur course. La meute de chiens ne tarde pas à se montrer à leur poursuite avec aboiement et empressement à traquer les innocentes proies. Nos deux promeneurs se retrouvent au beau milieu de la meute avec quelques chiens parfois hésitants voire perdus dans leur course effrénée après une bête qu’ils n’auraient jamais chassée naturellement s’ils étaient nourris comme ils se doit en tant que chiens domestiques. Au courant des règles qui régissent cette chasse d’un autre temps et d’un autre monde, ils n’ont pour les chiens que quelques mots et regards attendris en s’interdisant de les toucher mais en espérant malgré tout les retarder un peu afin de donner une chance aux trois animaux sauvages aperçus un peu plus tôt. Un homme en costume débarque sur son cheval et tente de couper par l’étang pour poursuivre sa traque. Il sonne son cor afin sans doute de rameuter le reste de l’équipage pour garder toutes leurs chances de voir couler le sang d’un pauvre animal sauvage aujourd’hui, seul but de leurs sorties régulières dans ces lieux si calmes habituellement. Nos promeneurs décident de faire demi-tour car les lieux ne semblent pas propices à une balade tranquille et la vue de cette chasse les répugne. Ils reviennent sur leurs pas là où maintenant sont passés trois biches et une meute de chiens esclaves à leur trousse et l’idée les terrorise autant qu’elle les dégoûte. Ils s’étonnent de n’avoir pas recroisé leurs amis sans doute toujours en balade par ici. Ils arrivent bientôt sur un chemin puis à un croisement où ils retrouvent maintenant tout un équipage de gens encostumés. Michèle est même interpellée agressivement par l’un d’eux qui n’aime pas son parfum, ils continuent leur balade en traversant la route pour entrer dans le bois en face. Les chevaux envahissent rapidement le bois à la recherche des chiens et de leurs proies mais il semble qu’il y ait un flottement dans leurs rangs, auraient-ils perdu la trace de leur victime du jour ? Nos randonneurs traversent la forêt pour arriver sur une autre route goudronnée où des guetteurs à vélo ne semblent pas très heureux de les voir. Là encore de nombreux véhicules et un peu d’agitation les poussent à retourner dans le bois d’où ils viennent après avoir traversé un champ. Les sons du cor se font de nouveaux entendre au-devant d’eux et la balade en forêt qui se voulait un délice devient maintenant un moment désagréable avec la présence oppressante de tous ces hommes en chasse semblant loin de la bienveillance envers eux. Lorsqu’après avoir traversé le bois ils arrivent de nouveau sur le chemin emprunté auparavant, Jacky signale que deux hommes de la chasse se dirigent d’un bon pas vers eux pendant que les deux guetteurs à vélo croisés au bout du chemin avant le retour dans le bois viennent aussi vers eux de l’autre côté, dans leur dos. Lorsque les deux chasseurs arrivent à leur niveau, ils leur bloquent le passage prétextant que c’est un terrain privé et qu’ils doivent partir au plus vite. Pourtant, le chemin sur lequel ils se trouvent est un chemin balisé ouvert au public. Tous deux demandent des explications, où est l’indication de la propriété privée du lieu, pourquoi on les empêche de continuer leur route et Michèle leur dit qu’elle souhaite continuer dans cette direction pour finir sa balade. C’est à ce moment-là que le chasseur à la doudoune bleue la repousse violemment en portant ses mains sur son thorax. Jacky s’interpose aussitôt pour demander à cette personne de se calmer mais l’autre se jette sur lui pour le déséquilibrer et le jeter dans le fossé rempli d’environ 1 mètre d’eau. Puis c’est au tour de Michèle d’être brutalement poussée dans l’eau du fossé profond. Alors que Jacky essaie de sortir du fossé sous les insultes et menaces des chasseurs maintenant au nombre de 4 ou 5 car rejoints par les cyclistes, il reçoit de violent coups de pied au visage de la part des chasseurs qui l’empêchent d’en sortir tout en lui demandant de quitter les lieux. Le matériel vidéo de Jacky et son téléphone sont maintenant complètement submergés et hors d’usage, il aperçoit Michèle tentant d’échapper aux violences en sortant du fossé côté forêt puisque sur le chemin les agresseurs redoublent de brutalité. Michèle atteint le sommet du talon juste avant Jacky et s’enfonce dans le bois en criant « on s’en va » mais deux chasseurs se jettent immédiatement sur elle par derrière. Jacky tente une nouvelle fois d’intervenir pour prendre sa défense mais les autres chasseurs arrivent et l’agrippent tout de suite pour l’empêcher de défendre Michèle et pour s’occuper de son cas. L’un des agresseurs hurle à l’autre de lui piquer sa caméra et l’autre s’exécute avec une violence sans mesure, tirant sur le harnais jusqu’à l’étendre de plusieurs dizaines de centimètres pendant que l’autre tente de lui voler son téléphone. Ils sont maintenant tous les deux en train d’essayer de prendre le téléphone des mains de Jacky qui le tient le plus fermement possible tout en évitant les coups et les tentatives d’immobilisation de ses agresseurs. La lutte continue pendant que Jacky n’a aucun idée de où se trouve Michèle et dans quel état. Jacky perd des affaires dans la lutte mais ses agresseurs sont toujours aussi obsédés par son matériel vidéo qu’il protège de toutes ses forces. Il est maintenant plaqué au sol sur le dos, ses agresseurs sont entre 2 et 3 selon les moments. L’un s’occupe de lui maintenir les jambes le plus fermement possible pendant que l’autre en a toujours après sa caméra et lui immobilise le bras droit en s’agenouillant dessus pendant qu’il porte sa main à la gorge de Jacky pour commencer à l’étrangler tout en lui disant « ne me mords pas ! ». Étrange, Jacky n’y avait même pas pensé, son agresseur est-il coutumier de ce genre de situation ? La lutte continue, les agresseurs tentent toujours de lui arracher sa caméra pendant qu’ils appellent parfois une troisième personne à la rescousse pour les aider dans leur besogne et maltraiter la victime. La bagarre semble durer une éternité pour Jacky qui se débat comme il peut mais se sent bien impuissant face à trois personnes d’une violence extrême pendant qu’il ignore tout de ce qui arrive à son amie emmenée par les autres agresseurs. Michèle n’est pourtant pas très loin ses agresseurs l’ont ramenée au profond fossé plein d’eau où ils lui maintiennent la tête sous l’eau. Ils lui hurlent dessus et la menacent, ils lui disent qu’ils vont lui passer l’envie de revenir comme les autres l’ont crié à Jacky au cours de la lutte alors que Jacky leur répondait « laissez-nous partir alors ! » tout en leur faisant remarquer (la lâcheté de leur acte) « vous êtes 3 contre 1 les gars ! ». Michèle n’arrive plus à reprendre son souffle entre deux plongées dans l’eau, ses agresseurs sont clairement en train de la noyer et exigent d’elle qu’elle leur réponde qu’elle ne reviendra plus en forêt. Les forces et le souffle commencent très sérieusement à lui manquer mais ses tortionnaires continuent de lui plonger la tête dans l’eau, Michèle avale de plus en plus d’eau souillée et elle entrevoit maintenant la mort. Jacky un peu plus loin est toujours dans sa lutte tenant de préserver son matériel et sa vie car l’étrangleur y va de plus en plus fort et Jacky ne peut déjà plus parler tout en ayant maintenant du mal à respirer. C’est à ce moment-là qu’il entend quelques cris provenant du chemin d’où il tentait de s’échapper après avoir été jeté dans l’eau et qu’il sent l’étreinte du bourreau lui tenant les jambes se desserrer. Il entend maintenant clairement une personne crier « mais qu’est-ce que vous faites !? » et déduit que ce doit être ses amis promeneurs qui arrivent en sauveur. Les agresseurs de Jacky le laissent au sol là où ils tentaient de le tuer et rejoignent immédiatement le chemin pour agresser les nouveaux arrivants. Jacky se relève et tentent de regrouper ses affaires perdues dans les broussailles au cours de la lutte. Après avoir retrouvé ses biens, il rejoint le chemin où il retrouve Michèle complètement trempée et épuisée, les agresseurs sont déjà en train de bousculer, insulter et frapper les nouveaux promeneurs arrivés à la rescousse. Des suiveurs de la chasse habillés de gilets jaunes avec l’inscription « J’aime la chasse » arrivent maintenant et ne semblent pas choqués par ce qu’ils voient. Ils prétendent ne pas être responsables de ce qu’il se passe ici alors qu’ils sont censés être là justement pour éviter tout problème entre les tueurs et les promeneurs. La violence verbale et physique continue, Michèle est toujours menacée et les agresseurs empêchent le groupe de promeneurs de s’en aller et de continuer leur route sur le chemin afin d’échapper au plus vite à ces gens dangereux. Jacky est aussi toujours sous la menace d’agression physique de ses agresseurs qui le provoquent et s’approchent de lui alors qu’il leur dit que c’est facile un tel comportement face à des non-violents. Le groupe de promeneurs peut enfin s’éloigner un peu après avoir forcé le passage mais les gilets jaunes sont moqueurs et se permettent même des croche-pieds sur notre passage. Pour des gens censés être neutres et gardiens de la quiétude autour de la chasse. Certains promeneurs tentent malgré tout de discuter avec les suiveurs et agresseurs mais Jacky les rameutent en leur disant que ce n’est pas la peine de discuter avec ce genre d’individus. Nos promeneurs reprennent leur marche et continuent sur le chemin interdit à nos deux promeneurs agressés sur ce prétexte. Le groupe arrive maintenant au bout du chemin qui débouche sur une route goudronnée près de l’étang. Une voiture de gendarme passe juste à ce moment-là. L’un d’eux les intercepte pour leur signaler l’agression et rapidement les deux victimes se retrouvent près d’eux pour leur expliquer ce qui vient de leur arriver. Les dangereux individus ont repris leurs vélos et arrivent maintenant au bout du chemin aussi. Malgré la présence des gendarmes, ils continuent d’être extrêmement agressifs et hurlent aux promeneurs « Vous faites chier tout le monde ». Sans doute parce que ces gens considèrent que la forêt est à eux pour perpétrer leur loisir de mort, Jacky leur rétorque qu’ils ne représentent que 1% de la population française et que ce sont eux les emmerdeurs. Une autre voiture de gendarmerie arrive maintenant et les gendarmes nous invitent à nous éloigner un peu pour pouvoir relater les faits un peu plus loin au carrefour suivant. Les chasseurs et suiveurs sont là tout autour, le sourire aux lèvres et toujours aussi agressifs pour les plus violents. Michèle tente de se mettre au sec en changeant ses affaires gorgées d’eau, il doit faire 2 ou 3 degrés aujourd’hui. Pendant ce temps, Jacky discute avec ses amis promeneurs pour décrire les faits et témoigner de la violence de l’attaque en leur répétant qu’il ne sait pas comment cela se serait terminé s’ils n’étaient pas arrivés. On lui prête quelques affaires sèches pour au moins enlever son haut trempé en attendant l’arrivée des pompiers. Les agresseurs sont maintenant entendus par les gendarmes sur le bord de la route, à quelques mètres de leurs victimes. Malgré la présence des gendarmes, ils continuent leurs menacent et se lancent même sur d’autres promeneurs pour les agresser physiquement à leur tour. Les gendarmes ont bien du mal à calmer ses individus en furie et incontrôlables au comportement de personnes intouchables et au-dessus des lois. Après avoir auditionné Michèle et pris les coordonnées des deux victimes, les gendarmes laissent les pompiers emmener nos promeneurs pacifiques vers l’hôpital de Ploërmel où ils seront pris en charge pour leurs blessures physiques. Pour les blessures psychologiques, ce sera dans un second temps, le choc sera sans doute violent dans les jours et semaines à venir pour nos 2 promeneurs du samedi. Cette journée en forêt de Paimpont se termine par des gyrophares bleus s’éloignant sous le regard abasourdi de promeneurs pacifiques attaqués dans leurs chairs juste pour avoir osé se promener en forêt lors d’une partie d’exécution ignoble d’un animal innocent. Voilà ce que sont aujourd’hui nos forêts au milieu desquelles nous aimons tant nous ressourcer. Confisquées par des individus dangereux et extrêmement violents qui semblent être prêts à tuer pour préserver leur jeu qui consiste justement à tuer en faisant souffrir un maximum et qu’ils défendent au nom de la tradition. Libérons nos forêts ! Brocéliande la magique, forêt des légendes, aujourd’hui des individus t’ont encore souillée et ont fait de toi Brocéliande la tragique.

Brocéliande (et toutes les forêts de ce pays),
je reviendrai retrouver ta magie et expulser le diable de tes entrailles.